Salice.&Diocèse
de Sagone.
Histoire,
Patrimoine et visites pastorales.
(Recherches Archives Départementales
Corse du Sud) par Gérald Antoni. (Mise
à jour Août 2008)
I - Un peu d'histoire :
La Piévanie de San' Ghjuvanni, de par ses
dimensions et son architecture, peut être comparée à
d'autres édifices romans corses tels que l'église de Sotta ou
de Forciolo (abside en cul de four). L'exhumation des vestiges laisse apparaître
trois colonnes dans un même axe depuis la porte d'entrée vers
le choeur. A. Cancellieri y voit "Colonne de nuée et Colonne de
lumière" qui scandent la marche au baptême, selon les images
du Livre de l'Exode. Comme la plupart des Piévanies de Corse (Sari
d'Orcino), celle de Salice portait le nom de saint Jean-Baptiste et manifestait
dans son ordonnancement intérieur cette spiritualité du Baptême,
avec ses étapes.
On peut
penser selon toute hypothèse,
que jamais Salice ne s'est situé, dans un peuplement ancien,
auprès de l'église piévane San' Giovanni.
Celle-ci, au coeur de la vallée, isolée dans sa position
centrale, servait de foyer religieux aux "Capelle", aux hameaux
épars agripés à Umbriccia et Sulana, au
long du Fiuminale. Le nom de ces "Capelle" disparues perdure dans
l'évocation des lieux-dits, ainsi que dans certains documents de
l'époque génoise. Le rapport de la visite pastorale du
16 juin 1728, (Diocèse de Sagone. Evêque Pier Maria
Giustiniani) fait mention des "Paesi disdrutti di Cruzini" dont voici
la liste : Argia, Vignamagiore, Le Piane, Lompriccia,
Lo Quarcio, Belbruno, La Pianella, Fonda, Vittijo Vegliarra, Rezza Le Caperre,
Landridaccia, Azzana, Gotticiani, Londa, Bocca le forte, Rudone, Lo Favale,
Terrese, Frasseto.
Ces sites de
peuplement pouvaient souvent être ordonnés autour d'un
petit édifice religieux, annexe de l'église
piévanne, d'où leurs noms de "Capelle" : les maquis de
Leni au nord du fleuve, les châtaigniers abandonnés de L'aghja
à i Santi en dissimulent des vestiges; ils ensevelissent
à jamais aussi, de la Torra à la Canonica en passant par
la Bocca à le Corte, les lieux de défense et de justice,
qui intégraient le Cruzinu médiéval à
l'autorité féodale des Cinarchesi.
Les anciens attribuaient la destruction de San' Ghjuvanni aux sarrasins. Sans exclure une razzia, il semblerait
plus
plausible de situer la désaffection du site au XVe siècle
:
en 1489, en représailles à la révolte de Ghjuvan'
Paulu
da Leca, les génois "déshabitent", Lopigna, Arbori
et rasent son château du Castaldu. On peut penser que le
Cruzinu, qui servait depuis toujours de base de repli aux
féodaux révoltés contre Gênes, (Raffé, Giocante da Leca) subit le même sort et vit sa population déportée vers des zones côtières,
insalubres, mais plus aisément "contrôlables" par les occupants.
Pourtant,
certains document peuvent laisser penser que, bien après
ces cataclysmes historiques, notre église piévanne
continuait , dressée entre Leni et la Bocca à e Corte,
à assumer sa mission. Ainsi, on trouve un acte notarié
par maître francesco Sarola en 1674, qui fait mention de la
cérémonie d'investiture du nouveau piévan du
Cruzinu, Nicodemo Pinelli, fils de nobile Aurelio de Guagno, en
l'eglise San' Giovanni Battista, pievanie du Cruzinu : "Molto Reverendo Prete Giulio si e trasporto alla detta pieva nelle
detta Cesa (sic) di San Gio Battista e preso p. la mano di molto
reverendo prete Nicodemo l'ha fatto intrare per la porta della Cesa e
si e cantato il Te Deum Laudamus.... L'anno della nativita
mille e sette cento settanta quatro, li vinti quatro di luglio giorno
di marti, ora di vespari in circa ; presenti testimoni : Battista q.
Stefano e Antone suo figlio, ambi di Lo Salice e Antoniotto q. Battista
di Guagno." Ces détails liturgiques laissent
transparaître une activité religieuse très vivante,
au moins jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Seuls, la
négligence et l'oubli, ainsi que le recentrement des
familles sur les paroisses de Salice et de Rosazia, peuvent expliquer
l'effondrement de ces murs multiséculaires, avalés par
les racines des oliviers et des arbousiers jusqu'à leur
exhumation progressive, entre les années 1950 et 1980. La renaissance de Salice dans
son site actuel, intervient au XVIe siècle après
l'éviction des populations par les génois. Antoine-Marie
Graziani, dans son édition de l'histoire de la Corse de Marc
Antonio Ceccaldi (p.150), cite une liasse des archives de
Gênes, faisant mention du nom des gens autorisés à
revenir ensemenser des terrains sur les "territoires interdits" (donc
déshabités) : des gens de Lopigna installés
à lo Corsolino sous Rosazia; des gens de Salice, de Sari, de
Sant' Andria et Rezza à Salice. (Archivio di Stato Primi
Cancellieri di San Giorgio. Liasse 16, pièces 601, 630 manuale du 5-7-1513).
Dès que ces familles se réinstallent
définitivement, elles se recentrent à Salice, autour de
Santu Stasgiu. Cette église est décrite par Monseigneur Mascardi comme
une pauvre maisonnette couverte de lauze en bois, [...] en ajoutant: "chiesa
non si vede da le case...". Faut-il en déduire que le village
était, dès le XVIe siècle, à l"emplacement
actuel, très à l'écart de l'église de Santu
Stasgiu ?
La visite pastorale de 1698, (cf. & II ci-dessous)
recense, outre l'église paroissiale Saint Eustache, un
sanctuaire sis au coeur même du village, la chiesetta Santa
Maria, sur l'emplacement de laquelle s'élève notre
actuelle église. Là ont lieu la plupart des offices,
hormis les messes solennelles des grandes fêtes, où
clergé et fidèles reviennent dans les murs de Saint Eustache.
Toujours est-il, qu'au XVIIIème siècle
on retrouve l'unité du site tel que l'on peut le contempler aujourd'hui:
les actes de naissance relevés au cours de cette époque,
mentionnent les quartiers Casanova, Pigiola, Catastella,
Burgiace.
Les actes de décès rédigés par le Pievan Antoine
Antonini entre 1770 et 1792 désignent le "cimeterio ordinario
della parochia Santa Maria"
comme lieu de sépulture. S'agit-il
d'une "arca", fosse commune sous le dallage de la nef ou à
l'extérieur de l'édifice; est-ce encore un campo santo tout
proche? En 1770, le registre évoque un ensevelissement sotto
l'astraco della rottura della chiesa.
Le curé de la Paroisse est Pievan pour tout
le Cruzinu; il prévaut donc sur les prêtres de Rosazia, Azzana,
Scanavaghjaccia qui ont titre de desservants. À cet égard
Rosazia n'accède au statut de paroisse que vers 1730. Dans le registre
d'état des âmes dressé en 1726 par prete Gia Battista,
Rosazia est encore une annexe intégrée à la paroisse
de Salice, elle compte 67 habitants contre 105 pour Salice. Le rapport
démographique établi en 1770 dès la conquête
par les commissaires du Roi, insiste sur la relation de dépendance
et de rivalité avec Guagno. "Le vicaire épiscopal de Guagno
est en dispute avec le curé de Salice, communément appelé
Pievan du Cruzinu."
Bien que très enclavé et ....
d'un isolement légendaire, Salice s'inscrit sous l'époque
génoise puis paoline, dans un réseau ecclésial bien
organisé avec les Pièves voisines: ainsi en 1756, le Piévan
Antoine Antonini est en même temps Vicaire forain du Sorro, donc
du canton de Soccia au sein du diocèce de Sagone.
Les lettres officielles consacrant l'accès
au cursus sacerdotal des postulants, émanent de plusieurs signataires
ecclésiastiques engagés dans différentes Pièves.
Ainsi, Angélo Maria Giordani, pour être admis sous-diacre
en 1758, reçoit la caution du rettore de Lopigna Stefano
Ignazio, de Johanes Maria de Renno, françiscain au couvent
de Vico où le jeune clerc suivit des exercices spirituels. Gian
Piero Pinelli en 1781, outre l'accord du Piévan Antonini de Salice,
bénéficie de l'approbation écrite d'Ignatius Xaverius
Benedetti vicaire à Coggia, sous mandat épiscopal, "Die
Vigesimo Decembris 1781, in loco Coggia in laeta visitatione, Ignatius
Xaverius Benedetti Vicarius. De mandato episcopi Sagonem examinari acholytum
Johannem Petrum Pinelli à Salice eumdem que edoneum recessi et approbari
pio Santo Subdiacono ordine suscipiendo in proximis temporibus natalitiis."
Contrairement à une opinion largement diffusée
par des observateurs venus dans le sillage de la conquête de 1769,
il semble que le clergé corse, et pour ce que nous pouvons en dire,
celui du Cruzinu, ne se délite pas dans le relâchement, et
la vigilance dans la formation reste scrupuleuse, comme le montre l'acte
de mars 1758 écrit par le Piévan Antonini au sujet d'Angelo
Maria Giordani :
"Ho fatto una diligente inquizione da persone degne
di fede. Il subdiacono ha servito laudabile la chiesa nel ministerio. Ha
frequentato li Santissimi Sacramenti de la Penitenza e di Eucharistia,
ha frequentato la scuola e la doctrina christiana e cuminato sempre in
decente abito e tonsura, e s'e astenuto di portare armi proibiti di qualunque
genere, ne meno per causa di recreazione. (Archives 5G6/12)
Peu d'archives subsistent pour témoigner
de l'état et de la configuration de l'église Santa Maria
de Salice au cours des deux derniers siècles. Une liasse (4V21)
contient la lettre du "Conseil de Fabrique" écrite en juillet 1835
pour réclamer au préfet des fonds, tant l'édifice
menace ruine. Le curé, J.M. Paoli demande une reconstruction complète
et non une simple restauration, dans un style qui ne manque pas d'ironie:
"un sol mobile non si trove in questa chiesa in buon stato e degno del
culto, ma vi dicamo bensi che tutto l'insieme del edifizio fa orrere e
ribrezzo al l'occhio del spettatore. In fatto, essa minaccia rovina da
gran tempo, specialmente dalle parte del tetto. Non si sa quando era stata
piu imbruttata che imbianchita con terra e poco calcina. Solo due porte
rotte e fracassate servivano a darne l'ingresso, alcuna finestra... ora
potete imaginare che brutta figura dopo il nuovo travaglio che ha terminato
di devastare tutto.
II
- Visites Pastorales (Diocèse de Sagone)
1525:La
capella de Cruzzini, dans l’évêché de Sagone, est composée
des villages de U
Salice, Azzana et Rusazia.
(Cronica di A Corsica- web O.G.Caporossi)
1698
- (22/6)
Reverendo Guilio Pinelli di Leca Cancellieri di Provicario
- Gio Battista Costa Vescovo di Sagona.
Sua
Signoria si e portato à la chiesa di Santo
Thoma, parocchia di Lopigna.
L'altare
e ancona (retable) di detta chiesa
decenti,/ la chiesa ben dealbata / sepoltura a coperchio di legno. Tetto
coperto a cuppi / visto il calice e patena indorati.
Decreto s'indovi d'altri supellutili (objets de culte) secondo
il luogo a sufficienza.
Decreto ordina Il confissionaro decente. a
di d° ind Vesperis ( le même jour)
Sua Signoria si e portato alla chiesa del Salice
intitolata Santo Eustachio
/ quale entrato la ritrovata sine supellutili
si conservano nella chiesetta posta
a mezzo paese sudetto a maggior comodita di detto luogo / si celebra continuamente
for nelle feste mobile e il giorno del Santo Natale transportando li supellutili
da una chiesa a l'altra. Visto il battisterio senza acqua, una sepultura
con coperchio di legno / il pavimento di pietra / coperta a scandole /
distante la detta chiesa dal paese un mezo miglio.
Poco dopo, portatosi nella chiesetta a mezo paese
intitolata Nativita di Nostra Signora
nella quale si vede un piccolo ancona sopra dell altare due candelleri
d'ottone (cuivre) il detto altare picciolo
ma con supellutili mondi (propres) La chiesa angusta e bassa il
calice con patena... con la cupula dell calice d'argento, indorato il resto
di detto calice, d'ottone li altri supellutili. La porta vecchia rotta
in piu luogho sensa serratura.
Decreto Ordina si facci
la porta e si attachi la chiave si facci le portelle alle finestre
aliter (sinon) ordiniamo al parocco non celebri nell avenire in
detta chiesa che non siano agiustate. La sudetta cosa similmente s'attachi
la serratura alla caseta (cascietta ou chiesetta) dove si conservano
li supellutili sotto la medesima pena e si celebri nella chiesa di Santo
Eustachio fino a che sia il tutto confezzionato...
(le reste est difficile à déchiffrer,
il semble que, comme on a tenu compte des conseils, un responsable qui
prête serment a été désigné: Angelo Maria
Giordano del Salice).
Portatosi nella chiesa di Santa
Cecilia di Rosazia,
quale fu trovata senza supellutuli dicendo il pievano sudetto si conservano
nella chiesa Santo Antone
di detto luogo.
La Santa messa nella detta chiesa Santa
Cecilia si celebri nella festa mobili...
chiesa distante del paese piu d'un mezo miglio.
Portatosi nella chiesa di Santo
Antone di Padova quale fu ritrovata decente
/ il suo altare mondo / palio novo / pietra bene agiustata
/ tre tonache sopra del medesmo / il suo banchetto per tenere le parochiani
decente / il corpo della chiesa a proposito per il paese / due finestre
con suoi portelli agiustati / porta nova con serratura / il pavimento adequato
e visto il calice con cupula e patena d'argento indorati e pissida d'ottone
indorato / sopra a l'altare due candelieri d'ottone con croce di legno
sopra a detto altare / la chiesa coperta da scandole / chiesa di Rosazia
senza parocco.... del popolo eletto Bio
Lucca qm filippino
quale stato presente ha accettato e guirato di observare tutto quello sara
conveniente.
Portatosi dal paese di Rosazia
a andare a Guagno a
visitare la chiesa di detto luoco intitulata Santo
Nicolao quale entrato fatta la solita
adorazione e celebrata la Santa Messa / si e messo a visitare / l'altare
dove si conserva il sacramento vista la pissida (réserve
d'hosties) quale trovata decente d'argento indorata / il tabernacolo
dentro foderato (doublé d'étoffe) di tela / di fora
parte indorato e sarto a color violano / la croce nella summita del medesmo
di legno indorata / l'ancone (retable) antica ma bella. L'altare
ornato con sei candelieri di legno argentati con sei vasi di legno simile
con sei fiori / palio di corame (cuir) / sacro convivio indorato
/ vista la fonte battesmale tenuta con chiavetta e baldachino di tela rossa.
Visita la capella dell Santissimo Rosario,
il suo altare di suppellutili mondi / ancona poco decente / vista la capella
particulare della casa Gio Luccaggia
quale ben dealbata suttillata di legno con supellutili decenti con palio
di corame.
Il corpo della chiesa parocchiale a suffizienza per il popolo ma coperta
à scandole che dubito piutosto minacci acqua (doute sur l'étanchéité
du toit) / ordine che tutto il mese di sittembre si copri a cuppi o
almeno a scandole sotto pena d'interdetto di detta chiesa / il pavimento
di materia di pietra con tre sepolture con coperchio di legno.
1702
- (27/6) Reverendo
Santo
Leca Xnãce visiteur de Mgr
Gio Battã Costa
Chiesetta
Santa Maria dell Assunta
de Salice
reconnue encore "poco decente", sommation est faite au Pievan d'investir
pour les objets du culte et les réparations sous peine d'amende
(25 lires), nécessité de refaire le toit "coperto a legno"
qui laisse entrer la pluie et rend impossible les célébrations;
il faut mettre des fenêtres aux ouvertures "portelle a le finestre"
sous peine d'interdire le lieu de culte. Indécence également
a Santo Eustachio
esposta all acqua. Déconseille
de célébrer
in luogo tanto indecente.
1703
- ...Santo Eustachio
(de
Salice)
altare assai piccolo basso molto indecente, caso di contraventione.(visite
du 23/6)
Portatosi a visitare la chiesa della villa di Rosazia
/ entrato nella chiesetta che resta in mezo dell paese titolo Sant'
Antone di Padova / visto
l'ancona chi resta nel fondo scisso (fendillé) ... vista
la pietra sacra essere bene impressa dentro altare / tre camici (aubes)
e
una pianetta (chasuble) di piu colori.
1708 - 13-8 (Rosazia)
Visitato
la chiesa parocchiale del detto luoco intitolata Santa
Cecilia... il tetto minaccia acqua da
ogni parte.
1728 - 17 Giugno.
La chiesa di Santa Maria Parrochiale del Salice
sotto il tit. di S. Maria.
Demandes
faites au terme de la visite de l'Evêque de Sagone. A
cette
époque il s'agissait, semble-t-il, de
Mgr Pier Maria Giustiniani. L'altare si provede di due altri candelieri
e di fiori.... s'imbianchi il piano superiore dell altare.
In cornu evangelii si faccia il rispostiglio... Il batisterio entiero sia
foderato (recouvert) di tela bianca, e con conopeo di varii colori,
si facciano due finestre.... ben chiusi. Si faccia una pianeta (chasuble)
di tutti colori.
La nova preparatoria di la Santa Messa (indication de nouvelles
rubriques liturgiques): "Sacro convivio, lavabo et in Principio."
Tutti quelli habitanti nel fiuminale di Cruzini siano obligati a prendere
sacramenti nella chiesa parocchiale di Cruzini ( et non d'aller à
Guagno) dichiarando appartenere al sudetto Pievano. ( Il y avait
sans doute une contestation du Pievan de Salice, concernant l'appartenance
à Guagnu de l'église de Santu Nicolau située entre
Azzana et Rezza).
17 Giugno. Visit; la Chiesa di S.
Eustachio parochia di Cruzini vicina al Salice.
(menacée d'interdiction tant que....)
Minanga intardetta finche si acommodi il tetto, si facciano due finestre,
faccia il coperchio della sepultura ( arca ou fosse commune) di
pietra.
Si spiani il battisterio, si faccia la croce sopra. Il
Pievano di Cruzini non sia piu obligato d'accompagna
i cadaveri fine i suoi confini... li sepeliscano nella chiesa del Salice.
(imposition
de sépulture commune sous l'église, refus de dispersion des
sépultures sur des terres privées, cas où les cadavres
sont déterrés par les chiens... morse li cani...).
1733
- Visite pastorale du Reverendo Cancellieri Gio Battã Aurelii. (de
Renno)
Postea ad Thomas Ecclesia
de loco Lopigna
iter susceperunt hora completoria pervenerunt ad illiam eamdem Ecclesiam
et in illam.
Die tregesima prima orto jam sole se transtulerunt in
supradictam Ecclesiam (Lopigna) et
ibi convocatis parvulis de loco instituandis doctrina gressus moverunt
locum dictum de Salice
ipsamque via Ecclesiam Sanctis Johannis visitaverunt
parum distans a via posita erat.... in medio continens columnam quamdam
bene constructam. Illa visa iter denuo susceperunt ad supradictum locum
dictum Salice et hora meridiana pervenerunt
ad habitationes. Facto prandio hora vespertina iter habuerunt ad Ecclesiam
parocchialem et in illam ingressi viderunt quae in illa Ecclesiam videnda
erant quibus visis recesserunt ex illa Domum supradicti Plebani iter habuerunt.
Die prima junii orto jam sole se transtulerunt ad Ecclesiam
Sancti
Eustachi et illa visa ad illam recesserunt denuoque domum supradictam
versus iter habuerunt et in illa comorantes illuis loci obstretricem examinaverunt
ac approbarunt. Hisce peractis hora tertia ad locam de Rosazia
fuerunt et directo... ad Ecclesiam illuis loci parocchialem pervenerunt
et in illam in gressi lecta carum auctoritate eis ab Episcopo concessa
omnibus promulgata.
( per fan/lam excom/re ut quatuor horarum spatio
omnes...Dona Ecclesiastica vel occupata vel mal deterta locata pia delib
supradictam Ecclesiam vel alys revelarunt) visitationem fecerunt Sacrarum
vestium ac omnium sacramentalium in illa supradicta Ecclesia consistentium
quibus visis domum illius loci rectoris fuerunt ibique obstretricem examinaverunt
et approbarunt debitores locata ac alia ad supradictam Ecclesiam spectantia
cognoverunt. Hora vespertina ad Ecclesiam supradictam fuerunt et dicto
benedicto in viam ... Domum supradicti Plebani iter habuerunt.
Die secunda junij primo mane ad Ecclesiam a Salice
fuerunt et facta adoratione ...........doctrina eisque quae ad salutem....necessaria
sunt convocarunt et......fieri protuit instructos reddere curarunt deindeque
Plebanum de loco in Sacrificio Misse examinaverunt quo examinato dict benedictunem
in viam ad locum de Cruzini in nomine Domini processerunt.
Dicto die hora quasi vespertina pervenerunt ad locum
dictum Azzana,
parum longe a Salice prope flumen in quo loco
plantat fuerunt aliquae domus ibique consistunt viridaria vinae et multae
: hoc est castanearum olivarumque fructus et quarumque genera animalium
: hoc est.........et homines illi tam hiemali quam estivo tempore semper
commorantur.
Dicto die hora quasi completoria pervenerunt
ad locum et appelletum Soriani parum
longe ad Azzana
in quo loco Nunzius qm Joannis à Guagno domum vineam aliasque frustiferas
plantas plantavit. In eodemque loco hoc est Soriani sic fecit Joannes qm
Joannis Peri........in eodem loco Antonius Petrus filius Joannis Franci.
Ipso die......pervenerunt ad locum dictum Rezza
in quo loco Nicolau qm Michaelis viridaria fructiferas plantas hoc est
castaneas et domum edificavit in qua domo........hora seratina omnes permanserunt.
Die tertia junii di luculo ex illo recesserunt loco
et iter susceperunt ad locum dictum Canafaggiaccia
parum distantem a Rezza, in quo loco
Joannes Baptà qm alterius magnam aedificavit domum ibique castanea
viridaria.......apium alvarae consistunt.
Hisce.....hora quasi tertia fuerunt ad locum dictum
Landricaccia parum a Canafaggiaccia distantem
in quo loco Joannes Andreas qm Antonij dicti loci Guagno
domum plantavit ibique orti castane et omnia animalium genera persistunt.
Deinde ad locum dictum Capezza
parum etiam distantem a loco dicto Landricaccia
et in quo loco Saverio qm Joannis Caroli aliam coedificavit domum et ibi
sunt viridaria castanei apum alocaras et alia animalia.
Dicto die, hora quasi meridiana iter habuerunt ad
locum dictum Ugliazza parum a loco dicto Capezza
distantem et in quo loco Antonius qm Paulus anti quam redificavit turrim
et ibi castanei...............ut supra sunt.
Postea fuerunt ad locum dictum Pastricciola
parum distantem a Ugliazza et in quo loco
Joannes q Ursini domum aliquam ut supra plantavit et in illo loco etiam
habitat Turbinus qm Marcaurelij qui quandam filiam supradicti Joannes in
uxorem cepit et pro doteo domum mediatalem aliorum ibi consistentium habuit.
Hora vespertina semper ipso die fuerunt ad locum
dictum Guidici antica habitatio et in quo loco Petrus et Paulus fratres
et filii qm Caroli domum redificarunt (alisque fruiti de derunt hisque
sunt fructifera plantae) et supra domum est locus in quo.....edificanda
est et ibi posita est Crux et supradicti Petrus et Paulus in illo loco
molinum edificaverunt quo omnes supradicti ut untur.
Aliam ibi edificavit domum Joannes Frances qm Sancti
sic fecerunt Joannes et Natalij qm Manuritta et supradicti homines tam
tempore estivus quam tempore hiemali una cum eorum respectvas familias
semper illuc vivunt et ibi semper firmam.....domicilium.
Hisce visi iter susperunt ad regionem dictam Guagno.
|
Ensuite on pris le chemin de l'église Saint
Thomas de Lopigna,
on y parvint à la nuit tombée (heures des complies).
Le 31 mai au lever du soleil on se rendit à
l'église sus nommée ( Saint Thomas de Lopigna) et
là on entretint les petits enfants rassemblés de la doctrine...
puis on prit la direction de Salice
pour visiter l'église Saint Jean, (il s'agit du lieu-dit San' Ghjuvanni) peu
éloignée du chemin... en son milieu se dresse une colonne
bien construite. Ensuite on reprit la route de Salice
pour arriver vers midi aux habitations. Après le repas, à
l'heure des vêpres on se rendit à l'église paroissiale,
y étant entré on l'inspecta; ceci fait on revint à
la maison du Pievan.
Le 1er juin au lever du soleil, on se rendit à
l'église Saint Eustache. Au retour
on soumit à examen la sage-femme et elle reçut approbation.
Ceci fait à neuf heures on se transporta à Rosazia
et on parvint directement à l'église paroissiale du lieu;
y étant entré, on y fit lecture des promulgations épiscopales,
(concernant excommunications,
locations et occupation des biens ecclesiastiques). On y fit l'inspection
des vêtements liturgiques et de tous les objets de culte. Ceci étant
vu, on se rendit à la maison du recteur et là on examina
la sage-femme et on lui accorda probation. Le soir venu on revint à
l'église pour la bénédiction et on reprit la route
de la maison du Pievan de Salice.
Le deux juin à la première
heure, on se porta à l'église de Salice
et après l'adoration on entretint l'assemblée des éléments
de la doctrine nécéssaires au Salut. On examina le Pivan
du lieu dans l'exercice du Sacrifice de la Messe, l'inspection terminée
on prononça la bénédiction et on se porta in nomine
Domini vers le Cruzini.
Ce jour même, presque à l'heure
des vêpres, on parvint au lieu dit Azzana
peu éloigné de Salice, près
du fleuve, là des plantations, quelques maisons, des jardins, des
vignes et de nombreux arbres fruitiers, châtaigniers, oliviers et quelques
espèces d'animaux...et les hommes résident là toujours
été comme hiver.
Le même jour, à l'heure des complies (proches de la
nuit) on parvint au lieu appelé Soriani peu éloigné
d'Azzana, là
réside Nunzio fils de Giovanni de Guagno. Il y a planté une
vigne et des arbres fruitiers; en ce même lieu de Soriani
ont fait de même Giovanni fils de Gian Piero et Anton Pietro de Gio
Francesco.
Le même jour on arriva au lieu dit Rezza
où Nicolau fils de Michele a planté jardin et arbres fruitiers,
c'est-à dire châtaigniers. Il y a construit une maison où
nous passâmes la nuit.
Le trois juin de bon matin, on le quitta pour prendre
la route du lieu dit Canafaggiaccia
peu éloigné de Rezza.
Là, Gio Battista fils "d'un autre" a coédifié une grande
maison, il y a des châtaigniers et des ruches.
De là, vers neuf heures on s'en fut au lieu
dit Landricaccia proche de Scanafaggiaccia.
Là Gio Andrea fils d'Antonio de Guagno
a installé sa maison et là, jardins, châtaigniers et toutes
sortes d'animaux.....
Ensuite on se rendit au lieu dit Capezza
peu éloigné du lieu Landricaccia.
En ce lieu, Saverio fils de Giovan' Carlo a coédifié une autre
maison. Là sont jardins Châtaigniers, ruchers et autres animaux.
Le jour même vers midi, on prit le chemin du
lieu Ugliazza (Guigliazza) peu éloigné
de Capezza, là Antonio fils de Paolo
a restauré une ancienne tour. Ensuite on se porta au lieu dit Pastricciola
peu éloigné de Ugliazza, là
Giovanni fils d'Orsino a contruit une maison; en ce lieu habite Turbino
fils de Marcaurelio qui a pris pour épouse la fille du sus nommé
Giovanni et en dot il reçut la maison.
Le soir venu du même jour,on se rendit au lieu
dit Quillicio. Là une vieille habitation où vivent Pietro
et Paolo frères et fils de Carlo. Ils ont restauré la maison
près de laquelle se dresse une Croix. Ils ont également contruit
en ce lieu un moulin qu'utilisent tous les autres nommés plus haut.
Là Gio Francesco fils de Santo a construit
une autre maison, ainsi que Giovanni et Natale fils de Manoritta. Tous
ces gens, aussi bien l'été que l'hiver vivent là toujours
avec leurs familles respectives et y ont établi un domicile définitif.
Après cette visite on prit la direction de
la région de Guagno.
|
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Notes: Comment expliquer cette importance donnée par les évêques
aux inspections des sages-femmes? Très vraisemblablement, parce
qu'elles assumaient la charge d'ondoyer, c'est à dire, de baptiser
dans l'urgence les nouveau-nés menacés de mort imminente.
Le visiteur apostolique s'assurait qu'elles connaissaient les formules
du baptême, (hypothèse plausible) ou tout au moins, qu'elles
savaient identifier les signes de détresse du nouveau-né
pour alerter en urgence les autorités ecclésiastiques.
On peut remarquer que nulle mention n'est faite d'un lieu de culte dans
le Cruzinu, hormis les sanctuaires de Rosazia et de Salice. L'église-chapelle
de San' Niculai d'Azzana, vraisemblablement succursale de Guagno, a du
être construite quelques années après la moitié
du XVIIIème siècle lorsque la population du "fiuminale" devient
plus conséquente. |
III
- Le Patrimoine
Choupic*,
peintre russe sollicité pour la décoration de l'église
latine de Cargese, a également réalisé les fresques
de l'église de Salice. Sa signature accompagnée de la date
1929 est apposée au-dessus du porche d'entrée, à l'intérieur.
Le peintre s'inspire des maîtres baroques du XVII ème siècle
:
Une
réplique de l'Assomption de Murillo et une Descente de Croix surplombent
la nef.
Les
quatre évangélistes siègent dans le ciel à
la verticale du transept; chacun est accompagné de son attribut
allégorique, le boeuf pour saint Matthieu, le lion avec saint Marc,
l'ange de saint Luc et l'aigle de saint Jean.
Au-dessus
du Choeur, proprement dit, une image anthropomorphique de Dieu créant
le monde, trône en gloire.
L'articulation
entre ces thèmes sur les parois murales de la nef, du choeur, sur
le demi-dôme de l'abside en cul de four, se déploie en figures
géométriques mauves et turquoises, caissons en trompe l'oeil,
ondulations moirées qui évoquent des reflets aquatiques ou
des nimbes brumeux.
Ces
précieuses fresques de l'église Santa Maria de Salice constituent
un magnifique ensemble pictural néobaroque réhaussé
par la statuaire qui scande l'espace: saint Matthieu, sainte Libérate,
sainte Jeanne d'Arc, saint Antoine de Padoue, sainte Marie-Madeleine, saint
Jean-Baptiste patron de la paroisse dès le XII ème siècle,
saint Dominique, Notre Dame de Lourdes, saint Paul. Sous l'autel de la
chapelle du Sacré coeur, au croisillon gauche, un gisant, une statue
du Christ au tombeau, au revers de laquelle est inscrit le nom des donateurs:
Famille Delchini 1916. Originaire d'Albaretto duché de Parme, Paolo
Delchini arrivait à Salice vers 1840. Son petit fils, Antoine, installé
à Marseille à la fin du XIX ème siècle, avait,
selon la tradition orale familiale, fait voeu d'offrir un ex-voto à
Notre Dame de la Garde si son fils Marius réchappait de la Grande
Guerre. A la mort de ce dernier le 12 mars 1916 sur le front de Macédoine,
Antoine offrit ce Christ au village de sa naissance en 1866.
Ce
trésor, humble patrimoine de notre village, a été
préservé grâce à la vigilante sollicitude des
paroissiens, notamment du "Conseil de Fabrique" qui se mobilisa dans les
années 1970 pour procéder à la réfection de
la toiture de l'église et munir le clocher d'un paratonerre, après
en avoir restauré le dôme surmonté d'une croix.
*Russe
"blanc", Choupic est engagé dans l'armée du baron Wrangel
sur le front de l'Ukraine, face aux bolcheviques. La contre-offensive victorieuse
de ces derniers en 1920, le conduira à s'embarquer à bord
du navire français "Riom" avec des centaines d'autres soldats tsaristes
réfugiés. Tous (1500) débarqueront à Ajaccio
en 1921; ils seront bien assimilés à la population corse
(35 à Calcatoggio); deux d'entre eux feront souche à Salice.
(cf Etudes Corse n° 49- 1997 - Bruno Bagni "Les Russes en Corse".)
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